Lorsque Béhanzin en 1894 sortit de la clandestinité et se rendit au Général Doods à Goho( Abomey) où il prononça un mémorable discours de reddition, se tenait à ses côtés un petit garçon de seulement 9 ans ( né en 1885), le seul enfant présent à cette douloureuse cérémonie de reconnaissance de défaite.
Cet enfant, fils du souverain défait, était le préféré de sa progéniture. Il l’aimait tellement qu’il l’emmena dans sa cavale au mépris des conseils de ses chefs militaires qui ne voulaient pas qu’un môme de son âge fasse l’expérience de la guérilla.
Le petit que Béhanzin nomma WANIGNILO ( agir pour la postérité ) et repris WANILO par les français, était un surdoué qui, du haut de son jeune âge prît le chemin de l’exil avec lui.
Une fois en Martinique, alors qu’il n’avait jamais fait l’école, il fut inscrit directement en 9ème, l’équivalent de CE2, où il montra très rapidement l’étendue de son intelligence en trustant les premières places de sa classe.
Il était si doué, si précoce et maîtrisant la langue française que déjà à 11 ans et au CM2, il remplaça au pied levé l’interprète officiel et secrétaire de son père, Fanou, qui, confronté au problème d’alcoolisme, fut rapatrié au Dahomey à la demande de Béhanzin.
Wanilo, enfant, se voit ainsi être le secrétaire et l’interprète de son père face à l’administration française en même temps qu’il continuait ses études au lycée Schoelcher de Fort de France. Dès lors, écrivit-il les lettres de protestation et de contestation que Béhanzin adressait au Président Sadi Carno à Paris pour mettre fin à son exil.
À 21 ans, Wanilo vécut la mort de son père qu’il avait accompagné en Algérie. Le souverain, malade et avant de mourir exprima à sa famille qui l’accompagnait ses dernières volontés : le rapatriement de sa dépouille au Dahomey. Les Français ne feront pas dans sa volonté et l’enterra à Alger malgré les démarches et suplications de Wanilo et de la famille.
Ses 3 soeurs ( Agbokpanon, Mekougnon et Kpotassi ) qui étaient de l’exil ainsi que le reste de la cour qui accompagnait le roi rentrèrent bredouilles à Abomey sans la dépouille du roi. Wanilo ne les suivit pas. De l’Algérie, il retourna en France et présenta en 1907 sa candidature à l’École Militaire de Saint-Cyr mais les autorités françaises y opposèrent un refus catégorique.
Il se tourna alors vers les études universitaires scientifiques qu’il conclua avec un diplôme d’ingénieur agronome avant de faire des études de droit à la faculté de droit de Bordeaux. À la fin de ses études, il s’engage dans l’armée en tant qu’officier supérieur de grade d’artillerie en 1914 une première pour un négro-africain dans l’armée française.
En 1916, le 16 février, en pleine 1ère guerre mondiale, il se maria à Maria Valentina Ducaud, une fille issue d’une des familles de la haute bourgeoisie bordelaise. Il se fera démobiliser après la guerre, et intégra la corporation d’avocats où il devint le PREMIER AVOCAT NOIR de l’histoire inscrit au barreau de Paris. Pendant toutes ces années, il continuait en vain la bataille juridico-administrative en vue du rapatriement de la dépouille de son père à Abomey sans pour l’instant là obtenir gain de cause.
Le prince abandonnera le barreau de Paris et la robe et entra dans l’administration de la régie des chemins de fer en France où il est nommé Directeur du contentieux.
En mars 1928, après 22 ans de bataille judiciaire et administrative contre le pouvoir colonial, il obtînt le rapatriement au Dahomey des restes de Béhanzin qu’il est parti exhumer à Alger. Le souverain rejoindra la terre des ‘Guédévi » à Abomey selon ses volontés et grâce à la témérité du prince qui lui donna des funairailles dues à son rang. 24ans après, Wanilo retourna ainsi à Abomey avec la dépouille de son père.
Sur le chemin du retour en France avec son épouse, Wanilo trouva subitement la mort le 19 mai 1928 à Dakar à 43 ans suite à une infection bactérienne. Son épouse amena son corps à Bordeaux en France où il fut enterré avant que la dépouille de Wanilo , 78 ans plus tard, ne fut à son tour rapatriée le 27 septembre 2006 à Cotonou pour être enterrée à Abomey Djimè à côté de son père lors du centenaire de la mort de ce dernier.
Contribution obtenue sur la page Facebook de Constant Sinzogan
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