Suite à la levée du cordon sanitaire et à la reprise des cours ce lundi 11 mai, le Ministre de la Santé a accordé une interview à Frissons radio dans laquelle il revient sur les nouvelles orientations de la stratégie du Bénin pour riposter à la pandémie de COVID-19.Benjamin HOUNKPATIN évoque aussi l’évolution de la situation au Bénin et les mesures mises en œuvre pour garantir le bon déroulement du reste de l’année.
Monsieur le Ministre, quels sont les derniers chiffres que vous avez à la date du 10 mai ?
Nous avons 319 cas confirmés dont 62 sont déjà guéris et nous avons comptabilisé depuis le début de la crise, deux décès et ces 319 cas confirmés sont notés du fait du dépistage que nous avons commencé. Au total, nous avons aujourd’hui près de 23.000 tests aussi bien en termes de test de diagnostic rapide qu’en termes de recherche du virus par la technique de la PCR qui ont été réalisés.
Vous nous avez habitués au début à donner au moins la provenance de ces malades-là. Vous cachez quelque chose ?
Absolument pas. Il n’y a absolument rien à cacher. Nous avons le détail de la provenance de tous ces cas et c’est toujours la zone de la ceinture du cordon sanitaire qui est évidemment la zone la plus touchée et d’autres départements ont été touchés de manière minime. Mais c’est la zone de cordon sanitaire qui a la concentration des cas que nous avons actuellement.
Est-ce que les chiffres donnés sont vraiment la réalité. On vous accuse parfois de les cacher ou de les bidouiller.
Vous voyez bien évidemment que le Gouvernement n’a rien à cacher. Au départ, on nous accusait d’avoir des chiffes moindres. Et depuis quelques temps, nous avons commencé une stratégie de dépistage massif qui a entraîné une augmentation des chiffres et nous sommes encore critiqués. Alors, je me pose beaucoup de questions sur ce que veulent les gens en réalité. Nous n’avons absolument rien à cacher. Les chiffres reflètent exactement ce que nous avons recueilli à l’issue des tests de diagnostic que nous réalisons. Donc il n’y a aucune manipulation de chiffres
Vous les communiquez maintenant tous les jours ou tous les deux jours ou trois jours ?
Tous les jours. Sur le site gouvernemental, vous avez tous les jours, la mise à jour du site avec les données en temps réel.
Pourquoi lancez-vous une rentrée des classes et un retour progressif à la normale pendant que ces chiffres montent. Est-ce que c’est cohérent ?
C’est totalement cohérent. Je vous explique pourquoi. D’abord, le retour à une vie plus ou moins normale comme vous avez pu le constater dans d’autres pays du monde est en train de s’opérer. Je pense que le Bénin ne va pas échapper à cette dynamique. Le Gouvernement a pris la mesure des choses et dès le départ nous avons fait l’option d’un cordon sanitaire au lieu de mettre tout le pays en confinement. La deuxième chose fondamentale qu’il faut souligner est qu’aujourd’hui, il est évident que nous allons devoir vivre avec la Covid-19. Qu’on le veuille ou pas c’est la triste réalité qui s’impose à nous aujourd’hui. Qui parmi nous peut dire aujourd’hui quand est-ce que cette crise va s’arrêter ? Dans deux mois ? Dans 3 mois ? Dans 5 ans ? Dans dix ans ? Personne ne le sait. Alors, allons-nous arrêter de vivre parce que la Covid-19 est là ? Je pense qu’il faut que la vie reprenne. Il faut que progressivement nous revenions à une vie plus ou moins normale tout en respectant les règles de distanciation physique et les autres gestes barrières que nous avons préconisés. C’est dans ce sens que le Gouvernement a préconisé un retour à une vie plus ou moins normale pour des activités qui sont jugées essentielles, fondamentales pour assurer les 5 besoins fondamentaux de l’homme. Donc il ne faudrait pas du tout que nous puissions nous effrayer par rapport aux chiffres que nous avons là et arrêter de vivre. Les chiffres étaient là et pourtant nous avions continué par vivre. Les chiffres étaient masqués par l’absence de dépistage. Vous savez que c’est une option que le Bénin a eu à prendre. Il n’y a pas beaucoup de pays dans notre sous-région et même en Afrique, qui aient pris cette option. Nous avons assumé notre choix et je pense qu’avec la stratégie que nous avons mise en place de dépister massivement et traiter, nous n’avons absolument rien à craindre.
Vendredi sur la télévision publique, vous annonciez le pic pour la fin du mois de mai. Les prévisions sont-elles alarmistes ?
Elles ne sont pas du tout alarmistes. Actuellement, je peux vous dire que nous tournons autour de 1% à 1,7% par rapport à tout l’effectif que nous dépistons. Je pense que les prévisions ne sont pas alarmistes.
Qui dépistez-vous en ce moment et comment le dépistage se déroule ?
Alors, nous avons commencé par dépister les agents de santé et quelques forces de défense et de sécurité, les enseignants, notamment nous avons ciblé les enseignants du CM2 et les enseignants du cours secondaire spécifiquement ceux qui reprennent. Nous le faisons de façon progressive. Aujourd’hui comme vous et moi, d’autres personnes dans ce pays aimeraient bien se faire dépister. Mais le dépistage a également un coût. Il faut bien qu’on s’en rende compte. Quand je prends le paquet du dépistage avec les tests de diagnostic rapide et la PCR, ce n’est pas moins de 50 à 60.000 FCFA qu’il faut investir sur un dépistage. Il est vrai que beaucoup de personnes le désirent mais le Gouvernement a privilégié les enseignants qui sont demandeurs et nous avons voulu leur offrir ce dépistage avant la reprise des classes. Cela va les conforter avant qu’ils n’aillent en classe et cela va permettre de rassurer également tant soit peu les parents qui envoient les enfants à l’école.
Combien de tests avez-vous prévu pour les enseignants ? Avez-vous un chiffre ?
Les enseignants du privé et du public au niveau des classes du CM2 tournent autour de 10.000 à 11.000. Au niveau du cours secondaire, ils tournent autour de 37.000 environs et au niveau du supérieur nous avons prévu environs 2.000. Quand on regarde un peu le total, ce n’est pas moins de 50.000 enseignants environ qui vont être intéressés par ce dépistage. Donc nous irons de façon progressive. Je rappelle à toutes fins utiles que ceci n’est pas une condition sine qua non de la rentrée. C’est une volonté du Gouvernement de rassurer ces enseignants pendant qu’ils sont en train d’aller répondre à leurs obligations.
Je m’oppose au test. Est-ce que je risque quelque chose ?
Vous ne risquez absolument rien.
Est-ce que vos tests sont fiables ? Est-ce qu’au niveau sécurité, c’est sûr ? Parce qu’il y a un audio qui a circulé pour dire que les kits venus de la Chine sont infectés. Est-ce que vous démentez cette information ?
Un Gouvernement ne prend pas de risque avec son peuple et le Gouvernement du Bénin est un Gouvernement responsable. Lorsque j’ai suivi cet audio, je me suis demandé si c’est vraiment raisonné ce qui était dit. Je me suis posé beaucoup de questions et j’ai compris que celui qui parlait ne savait pas de quoi il parlait. Il faut savoir raison garder. Nous nous évertuons pour tous les tests utilisés par le Gouvernement de nous assurer de leur fiabilité et le Gouvernement voudrait rassurer la population qu’il n’y a aucun doute, et je le certifie aucun doute, sur la qualité des tests qui sont utilisés pour faire le diagnostic de la Covid-19 au Bénin.
Les tests se font dans tout le pays ?
Au départ nous n’avions qu’un seul laboratoire Aujourd’hui nous avons pu décupler cette capacité et du seul laboratoire que nous avions, nous sommes aujourd’hui à 6 laboratoires fonctionnels. Le laboratoire des fièvres hémorragiques de Cotonou qui a été le premier, dont nous avons décuplé la capacité par ailleurs avec le laboratoire mobile que nous avions depuis deux ans déjà. Il y a le laboratoire du CNHU qui est rendu fonctionnel, il y a le laboratoire de Pobè qui est rendu fonctionnel déjà, le laboratoire de Parakou a commencé à fonctionner depuis 48 heures, le laboratoire d’Allada est actuellement à l’heure où je vous parle en train de réaliser ses premiers tests, et le laboratoire de Lokossa sera opérationnel demain. Donc, 6 laboratoires déjà qui sont opérationnels au niveau du pays. Nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin puisque nous avons prévu d’avoir un laboratoire au moins par département. Donc la semaine prochaine nous allons passer à la vitesse supérieure avec Kandi, Natitingou, Djougou, Savè et Abomey.
Monsieur le Ministre, si jamais, on ne le souhaite pas, un cas se déclare dans un collège ou dans un lycée est-ce que vous avez préparé les équipes, est-ce qu’il y a un dispositif en place ?
Le dispositif est tout à fait en place. Il y a le dispositif sanitaire que nous avions mis en place au niveau de toutes les zones sanitaires du pays qui est toujours en place et ce dispositif sanitaire de déploiera automatiquement en cas de suspicion dans une des écoles
Combien de masques avez-vous prévu pour cette rentrée pour les élèves et les enseignants ?
Le Gouvernement a déjà prévu la confection d’au-moins 2 millions de masque que nous avons commencé à distribuer au niveau des écoles publiques aussi bien aux apprenants qu’aux enseignants et lors des examens de fin d’années nous allons poursuivre également la distribution des masques pour nous assurer que les choses se déroulent de la meilleure des manières.
Quand le Président Patrice Talon vous nommait Ministre, vous n’imaginiez pas qu’une patate chaude comme le Covid-19 allait vous tomber entre les mains. Comment on gère cela ?
Aucun des ministres de la santé ne s’attendait à cela. Au Bénin nous avons vraiment bénéficié de l’accompagnement même du Chef de l’Etat. Il est vraiment le pilier autour duquel s’est bâtie toute la stratégie que nous avons développée jusque-là. Je ne me suis pas senti seul. Je me suis senti très bien accompagné par l’ensemble du Gouvernement. C’est une expérience que je considère comme positive.
A quand la fin du Covid-19 au Bénin ?
On ne sait pas. Prophète sera celui qui pourra le dire.
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