Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Bénin-Tanzanie : Les péchés capitaux de Michel Dussuyer

Déception, désolation, amertume, colère, tels étaient les sentiments qui ont animé les béninois au coup de sifflet final de l’arbitre le dimanche 10 octobre au stade Général Mathieu Kérékou. Les Ecureuils venaient de courber l’échine sur leurs propres installations face aux Taïfas Stars de la Tanzanie pour la 4ème journée des éliminatoires du Mondial 2022. La bande à Michel Dussuyer n’a pas profité de l’occasion pour creuser l’écart à la tête du groupe J. À qui incombent les responsabilités de ce gros camouflé ?

Il urge de rappeler ici les conditions peu propices dans lesquelles ce match a été préparé. Pour la petite histoire, un incident extra-sportif a posé les jalons de la déconvenue. En effet, le Clermontois Jodel Dossou a été simplement « renvoyé » du groupe pour « faute grave », dixit le sélectionneur. Cette situation, avec tout le bruit occasionné et ce climat délétère n’ont sans doute pas permis à l’équipe d’être concentrée sur le match qui a lieu dans 24h.

Michel Dussuyer, une énième erreur tactique.

Le technicien français a reconduit le même schéma tactique qu’au match aller. Le temps pour le supporter lambda de s’apercevoir du grain de sable dans le dispositif, les tanzaniens ont ouvert le score. En effet, au bout de 5 minutes, la bande à Khaled Adenon était déjà menée. Timorés et peu inspirés, les Ecureuils se sont fait malmenés par les visiteurs qui ont profité de la superbe qualité de la pelouse pour proposer un foot plaisant. Le schéma tactique mis en place par Dussuyer était défaillant pour beaucoup. Jouer avec trois défenseurs axiaux face à la Tanzanie, pire à domicile, c’est un aveu d’impuissance. En effet, le milieu de terrain béninois avait toutes les peines pour ressortir les ballons de l’arrière garde. Matteo Ahlinvi seul au monde, puisque Jordan Adeoti n’était pas dans un grand jour, tentait à lui seul de sortir la tête de l’eau. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs Ecureuils ce jour. Michel Dussuyer n’a malheureusement pas pu apporter une solution à cette situation au cours de cette première mi-temps.
Les tanzaniens n’ont pratiquement jamais été inquiété, sauf sur une action où Charbel Gomez était à la réception d’une déviation subtile de Poté. Tête baissée, l’amiénois a tiré dans le petit filet externe, n’ayant pas vu Doremus seul au point de pénalty, attendant l’offrande. David Kiki sur une combinaison astucieuse avec le disponible Mickaël Poté, s’est heurté à l’excellent gardien Tanzanien.

Des cadres en grandes difficultés.

Verdon fautif sur l’ouverture du score tanzanienne a été en grande difficulté tout le temps qu’il aura passé sur l’aire de jeu. David Kiki aussi n’a véritablement pas pesé. Il n’a pas apporté ce qu’on attendrait d’un piston dans une défense à trois centraux. En court de rythme, puisqu’il vient de rejoindre son nouveau club, l’ancien niortais n’a pratiquement rien apporté offensivement et a été aussi mis à rudes épreuves défensivement par le dossard 12 des visiteurs. La preuve, il n’a pas pu terminer le match. Michel Dussuyer, aurait pu le faire sortir à la mi-temps et tenter de nouvelles choses avec Bourou Samadou.

La réaction on ne peut plus tardive de Michel Dusssuyer

Dussuyer est réputé pour ses remplacements tardifs au cours des rencontres. Il a d’ailleurs sacrifié à cette tradition le dimanche surdernier. En effet, la défaillance du système était perceptible par tout le monde. Le technicien français a manqué dans ce sens de réactivité. Disposant de quelques atouts sur le banc, le sélectionneur béninois n’a pas daigné apporter très tôt du sang ou tout au moins modifier son schéma initial. À titre illustratif, il a fallu attendre les 5 dernières minutes pour voir Dussuyer opérer ses deux derniers changements. Mais pourquoi mettre Youssouf Assogba sur le côté gauche sachant que son couloir de prédilection est le droit ? Pourquoi faire jouer en dépannage Rodrigue Kossi sur le côté droit sachant qu’il est bon en milieu de terrain ? Pourquoi ne pas faire jouer Désiré Azankpo plus tôt sachant qu’il a été tactiquement bon lors des trois précédentes rencontres ? Des questions qui n’auront jamais de réponses.

La grande satisfaction dans ce lot de déception.

Junior Olaitan a sublimé le stade par son talent. Sa rentrée sur la pelouse a changé le visage de l’équipe. Vivacité, disponibilité, audace et intensité ont caractérisé la performance de ce jeune joueur qui pourtant est sans compétition officielle, puisqu’il évolue dans le championnat local. Il apporté un nouveau souffle à toute l’équipe et ne s’est pas du économisé.

In fine, c’est un euphémisme de dire que le Bénin a fait une énorme contre-performance. C’est d’ailleurs la première défaite des Ecureuils sur les installations du Stade Général Mathieu Kérékou. Les Jaunes ont manqué une occasion en or pour prendre le large dans cette poule. Il faudra maintenant attendre les échéances du mois de Novembre avec à la clé, la réception de Madagascar, dernier du groupe, et un déplacement périlleux en terre congolaise pour y affronter les Léopards.

Génode HESSOU