A travers une étude commanditée par le Centre pour la Démocratie et le Développement (CDD West Africa), basé à Abuja au Nigeria sur les différentes facettes du phénomène des fake news dans l’espace CEDEAO, Léonce GAMAI, journaliste, expert média & communication et gestionnaire de projets, expose la situation au Bénin. «Ecosystème des fausses informations au Bénin : une vue d’ensemble», tel est l’intitulé du rapport publié en mars 2022 au terme de l’étude. Le consultant révèle que «l’information n’est plus totalement ce qu’elle fut avant la popularisation de l’internet et des réseaux sociaux. Sa durée de vie, sa diffusion et même sa production ont été bouleversées par l’émergence de l’internet et des réseaux sociaux». Aussi précise-t-il que «tout le monde peut désormais produire du contenu et diffuser de l’information». Bien qu’il remarque que les médias traditionnels continuent leur travail quotidien, Léonce Gamaï souligne néanmoins que ceux-ci n’ont plus l’exclusivité de la production et de la circulation de l’information et de la médiatisation des faits dans la société béninoise. Ce qui crée une concurrence avec l’avènement des acteurs de l’information en ligne. « Ces nouveaux acteurs sont notamment les web activistes, les individus médias, les intellectuels influenceurs et les relayeurs, dont l’influence en ligne peut avoir des échos hors ligne».
Le rapport indique que les infox sont quotidiens mais prennent une autre ampleur en période électorale ou de crise notamment sanitaire, socio-politique et sécuritaire. Prenant les réseaux sociaux comme canaux, «l’initiation et la diffusion des infox sont donc l’œuvre des milieux politiques, des utilisateurs des réseaux sociaux ainsi que de citoyens non présents en ligne», fait savoir le rapport qui précise aussi que «les infox sont des sources de menaces potentielles et permanentes pour l’ordre socio-politique qu’elles ont d’ailleurs mis à mal au moins une fois pendant les cinq dernières années». En exemple, le rapport fait cas des «soulèvements meurtriers de mai 2019 à Cotonou ont été provoqués par une rumeur et des contenus mensongers diffusés sur les réseaux sociaux» et la campagne de vaccination contre le Covid-19 affaiblit par les fausses nouvelles qui ont circulé.
Il faut dire que le rapport indique «deux types de réponses contre la propagation des fausses nouvelles au Bénin». Il s’agit de la répression et le fact-checking. En ce qui concerne la répression, le droit béninois n’est pas muet sur la question. Le problème qui se pose sur ce volet selon le consultant est relatif au «champ d’application des dispositions répressives d’une loi comme le code du numérique». Quant au fact-checking, «il a été recensé plusieurs initiatives de fact-checking portées par des professionnels des médias et des organisations de la société civile. Même si elles ont contribué à atténuer l’ampleur des informations, les actions de vérification des faits présentent des limites». Il faut dire que selon le rapport de l’étude réalisé par Léonce Gamaï, responsable de Banouto, un média en ligne très réputé au Bénin, notamment pour ses initiatives en fact-checking et en journalisme d’investigation, «les infox constituent un mal changeant et à multiples facettes. La lutte efficace contre leur propagation et la prévention de leurs effets passe par plusieurs voies dont la généralisation du fact checking, l’éducation des populations aux médias et au numérique, la formation des nouveaux acteurs de l’information en ligne, le renforcement de la protection juridique des journalistes et professionnels des médias qui s’avèrent indéniablement le rempart contre les fake news ».
A propos du CDD West Africa
Le Centre pour la démocratie et le développement (CDD) a été créé au Royaume-Uni en 1997 et enregistré au Nigeria en 1999, en tant qu’organisation indépendante, à but non lucratif, de formation à la recherche, de plaidoyer et de renforcement des capacités. Basé à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, son objectif est de mobiliser l’opinion mondiale et les ressources pour le développement démocratique et de fournir un espace indépendant pour réfléchir de manière critique sur les défis posés aux processus de démocratisation et de développement en Afrique de l’Ouest. Le CDD se veut de servir de catalyseur ultime dans la transformation de la sous-région ouest-africaine en une communauté intégrée, économiquement dynamique et gouvernée démocratiquement qui assure une sécurité globale à la population et est capable d’une gestion pacifique permanente des conflits.
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