Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Le tueur silencieux des femmes

Le cancer de sein est le cancer le plus fréquent chez la femme et constitue la principale cause de mortalité par cancer chez la femme  .On diagnostique de plus en plus le cancer de sein dans le monde ce qui signifie qu’au Bénin il y a chaque jour de nouveaux cas de cancer du sein qui sont détectés. Le cancer du sein ne touche pas que les femmes. En  effet il peut se  retrouver  chez l’homme(1 pour cent des  cas  de cancer)

Au Bénin comme partout en Afrique le cancer demeure un problème majeur de santé publique  qui n’a pas reçu  toute l’attention qu’il faut .En 2012 il y a eu 910 nouveaux cas de cancer de sein dont 476 décès au Bénin. Selon les données du Registre des cancers de Cotonou dirigé par le Professeur Marie-Thérèse AKELE-AKPO, de 2014 à 2015, il y a eu pour la ville de Cotonou 126 nouveaux cas de cancer du sein. Les cancers sont souvent diagnostiqués lorsqu’ils sont déjà à un stade avancé et même après le diagnostic on note le manque de moyens financiers pour faire face au traitement  d’où l’urgence de mettre l’accent sur la prévention .Le cancer est une maladie qui met en jeu   le pronostic vital. Les traitements du cancer sont très difficiles à supporter et la maladie même est perçue de façon très négative. Le mot cancer fait souvent penser à la mort, à une souffrance indescriptible et son annonce est très mal vécue par le patient et tout son entourage.

Les facteurs de risques du cancer de sein sont multiples on note entre autres

Le facteur génétique. Si une femme a le cancer de sein dans une famille, les sœurs et les filles  de cette femme sont  plus à risque  de l’avoir. La connaissance du risque familial permet de faire un dépistage de cancer de sein ciblé.

Les facteurs hormonaux représentés par les règles précoces (avant 12 ans) une ménopause tardive (après 50 ans), l’absence de grossesse ou une première grossesse tardive (après 35 ans).

L’obésité et les facteurs alimentaires. L’obésité s’accompagne d’une augmentation de graisse dans l’organisme ce qui élève le risque de survenue du cancer de sein.

Le manque d’activité physique et sportive

L’utilisation de contraceptifs oraux pendant plus de 10 ans sans surveillance du gynécologue. Il faut quand-même noter que le risque est très faible.

La consommation excessive d’alcool.

Les facteurs environnementaux : plus fréquents dans les pays industrialisés.

Facteurs histologiques : lésions précancéreuses du sein  (hyperplasies atypiques).

Les symptômes du cancer du sein ne sont pas spécifiques, ils peuvent se voir dans d’autres maladies comme les abcès du sein. Lorsque ces symptômes apparaissent il est souvent déjà trop tard. Nous pouvons citer  entre autres.

Une boule dure dans le sein

Des douleurs au sein

L’écoulement du mamelon

La peau du sein qui durcit, s’épaissit ou rougit (peau d’orange)

Le mamelon qui est dévié (se tourne vers l’intérieur, l’extérieur,….).

Les principaux  traitements du cancer du sein sont :

La chirurgie

La chimiothérapie

La radiothérapie

L’hormonothérapie

Les  thérapies ciblées

Les traitements disponibles au Bénin sont : la chirurgie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la thérapie ciblée. Ces traitements sont souvent très chers.

Lorsque le cancer est détecté très tôt, le sein peut être conservé  et la patiente peut parfois  éviter la chimiothérapie avec des taux élevés de guérison .Mais quand le cancer est déjà avancé les chirurgiens sont parfois obligés de pratiquer la mastectomie c’est-à-dire l’ablation du sein. Cette mastectomie est très mal vécue par certaines femmes ; elles ont l’impression d’avoir perdu ce qui les rend femme, leur atout de séduction, leur sensualité. Cela les fragilise et les conduit parfois à un état dépressif. Les cas de rechute après les traitements sont fréquents et cela est dû au fait que les cancers sont découverts de façon tardive ce qui joue défavorablement sur les traitements. Les patientes ayant fini leur traitement vont encore aux consultations de surveillance qui sont d’ailleurs très difficile à supporter pour elles à cause de l’idée de rechute qui plane sur leurs têtes comme l’épée de Damoclès.

De tout ce qui précède, il apparait qu’il faut mettre un accent particulier sur la prévention du cancer de sein. Il est important d’apprendre aux filles déjà à partir de l’adolescence à pratiquer l’inspection et l’autopalpation.

Comment pratiquer l’inspection et l’autopalpation

Pour l’inspection face à un miroir torse nu examinez l’aspect de vos seins dans les positions suivantes : mains sur les hanches, bras le long du corps, bras levés, penché en avant .Regardez si les mamelons sont asymétriques, et voyez s’il n’y a aucune anomalie au niveau des seins.

Pour l’autopalpation, toujours debout face à un miroir, mettre le bras du sein à palper derrière la tête et de l’autre main palper le sein. Placer la main à plat sur le sein et effectuer de petits mouvements circulaires sur toute la surface du sein. Recommencer les mêmes gestes avec le deuxième sein .Ne pas oublier de tâter le creux des aisselles aussi. Lors De votre visite chez le gynécologue ou la sage-femme vous pouvez demander que ces derniers qui sont des spécialistes vous apprennent les gestes d’autopalpation. L’autopalpation doit se faire deux à trois jours après les règles, les seins sont bien souples en ce moment.

Que doit-on chercher au cours de l’inspection et de l’autopalpation

Rougeurs, eczéma ou anomalie du mamelon

Rétraction de la peau ou du mamelon

Inflammation persistante et douloureuse

Nodule ou épaississement de la peau

Nodules à l’aisselle ou au cou

Tout changement sur le sein ou sous l’aisselle

Ecoulement du mamelon

Démangeaison du sein

Lorsqu’une anomalie est découverte lors de l’autopalpation, il est conseillé de ne pas paniquer mais plutôt d’aller dans un centre de santé pour faire les examens adéquats.

Les adolescentes doivent se palper tous les mois, cela doit devenir une habitude car ce n’est que comme cela qu’elles pourront détecter très tôt toute anomalie au niveau de leurs seins.

Les femmes ayant déjà conçu doivent se rendre chez leur gynécologue ou sage-femme au moins une fois par an pour se faire examiner le sein  même si tout va bien et qu’elles pratiquent l’autopalpation chaque mois. Les femmes de cinquante à soixante quatorze ans au-delà des examens cliniques doivent faire une mammographie de dépistage tous les deux ans car à cet âge le risque est plus élevé.

L’inspection et l’autopalpation sont des gestes simples mais qui sauvent des vies, faisons-en une habitude.

Karimath Foumilayo Lawani : Présidente de l’ONG Eduquons Autrement

Page facebook : Programme Eduquons Autrement

Personnes ressources

DOCTEUR GNANGNON Freddy : Cancérologue-chirurgien

DOCTEUR Muriel MEHOBA : Gynécologue