Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Le témoignage du Professeur Joseph DJOGBENOU sur son Professeur

« Pascal TODJINOU, une vie au service du syndicalisme » vient de paraître. C’est un ouvrage d’une richesse extraordinaire qui est mis à la disposition de tous. L’ancien secrétaire général de la CGTB, a eu droit au plus beau des hommages de ses anciens élèves du collège Aupiais dont le Président de la Cour constitutionnelle, le Professeur Joseph DJOGBENOU et sabin LOUMEDJINON, journaliste et l’auteur de l’ouvrage. C’était le vendredi 12 mars dernier à Cotonou. L’ampleur que prit la cérémonie était bien à la hauteur de l’envergure multidimensionnelle de l’homme reconnue et saluée par tous les témoignages.

Suivez le témoignage du Professeur Joseph DJOGBENOU

« Je voudrais confesser que dès mon entrée dans cette salle, je piaffais d’impatience pour dire les mots de reconnaissance, de gratitude, de grande considération, de profond respect, d’abord de l’élève au maître. C’est un devoir qui n’est pas que de délicatesse, que de reconnaître en chacun de ses professeurs, de ses maîtres, de ses instituteurs, le contributeur de sa vie et j’étais impatient de le faire à l’égard de Pascal TODJINOU. D’autant par ailleurs que comme chacun l’a remarqué, celui qui a contribué à nous ouvrir les fenêtres de sa vie, Sabin LOUMEDJINON, un conteur de vie, un conteur de modèle mérite notre reconnaissance à tous et nos encouragements. Pascal TODJINOU, intervenant tout à l’heure, a laissé suggérer que nous sommes son soutien. Il a légèrement glissé sur la vérité. C’est lui qui est notre soutien (tonnerre d’applaudissements), c’est lui qui est le soutien de l’adolescent que nous avons été tous de ma génération dans ce collège Aupiais. C’est lui qui était le soutien de la jeunesse à l’époque, à la fin des années 80, dans les turbulences que vous savez. C’est lui qui est le soutien de son pays à travers les différentes postures, les différentes organisations, c’est lui qui, avec d’autres, est le soutien de nous tous et de nous toutes.
J’ai le souvenir vivace de ces moments (je ne dirai pas d’enfer) de grandes difficultés où ces hommes, où ces femmes, qui en dépit des contraintes fonctionnelles, en dépit des risques, ils trouvaient le temps pour venir enseigner. Et qui nous encourageaient à l’engagement, qui nous encourageaient à construire notre destin, qui nous encourageaient à l’époque à agir dans ce qui fût appelé les comités d’action, sont les cadres dans lesquels les élèves et les étudiants se sont exprimés, qui nous ont permis à agir, à revendiquer pour que l’avenir fut meilleur, qui demeure meilleur. Ce sont eux, ces enseignants, ces travailleurs, ces responsables syndicaux qui ont contribué à faire en sorte que la conférence nationale fût une réalité. Ce qui a de tragique dans l’histoire, c’est que les vrais acteurs sont méconnus. C’est ceux comme je le fais aujourd’hui devant les caméras, qui sont retenus. Je voudrais dire que les vrais acteurs de la conférence nationale, ce sont eux. C’est Pascal TODJINOU, c’est Guillaume ATTIGBE et bien d’autres. Ce sont les élèves, ce sont les étudiants dont le cours de l’école est suspendu qui ne peuvent aller à Lomé, à Dakar, à Niamey, à Paris, qui sont restés et qui ont conduit à cette grande manifestation. Je m’en rappelle comme si c’était hier, le 11 décembre 1989. C’est la première reconnaissance que je voudrais adresser à pascal TODJINOU.
C’est un acteur au premier sens du terme du renouveau démocratique dans notre pays. Et puis permettez-moi de le dire, c’est un homme engagé au sens camusien du terme, au sens de l’engagement philosophique de l’engagement qui est la conséquence de se vouloir construire soi-même son devenir, de l’engagement au sens de ce que les insistantialistes appellent l’embarquement, un homme engagé. Une élite doit nécessairement être engagée, embarquée et moi j’ai vu en lui, adolescent dans ce collège Aupiais, un homme véritablement engagé. Nous fûmes, nous étions, nous demeurons des littéraires et c’est à ces littéraires que nous étions qu’il venait faire mathématiques parce que Pascal TODJINOU, sa vertu pédagogique, ce n’est pas dans les notes. C’est de nous faire simplement réaliser que les mathématiques sont la logique. C’est ce que Pascal TODJINOU a éveillé en nous. Cette articulation de la pureté de la pensée qui scelle en chacun des jeunes que nous étions, Pascal TODJINOU a contribué à faire avec d’autres de nous, ce que nous sommes devenus.
Le titre de l’ouvrage ! Une vie au service du syndicalisme. Je pense qu’il est un peu réducteur. Avec ce que je viens d’exposer et bien d’autres pourront davantage raconter, rappeler, retenir, transmettre, c’est une vie au service de ce qui est humain dans l’être. Et c’est une vie simplement au service de la société. C’est une vie complète, c’est une vie entière, c’est une vie sans retenue, c’est une vie de dépassement. Ne dites pas de Pascal TODJINOU qu’il est seulement syndicaliste, c’est un politique au sens philosophique du terme. Et de ce point de vue, il a pu réaliser par sa personne, la complétude de ce que l’on attend d’une élite. La retraite n’est pas le retrait et je pense et je suis d’accord avec l’auteur qu’il ne pas célébrer la mort. Apprenons, convainquons-nous à célébrer la vie. Lorsque vous aimez quelqu’un, il faute le lui dire maintenant. Et je pense le sens de la présente cérémonie à son égard. Il ne faut pas attendre longtemps avant de le dire. Et je voudrais avoir son autorisation pour prendre cet ouvrage et en payer le prix du cœur. »

AP/PCC