La Maison de la Société civile située à Cotonou a accueilli le lundi 19 février 2024, la cérémonie de lancement des activités du projet « Participation politique des personnes handicapées ». Une initiative du Creuset d’Orientation et d’Intégration des Personnes Handicapées (COIPH) à sa tête Abdel Rahman Ouorou Barè dont l’objectif est de mettre à disposition des partis politiques des militants (personnes handicapées) capables de relever les défis qui se posent à ces partis. Tout juste après la cérémonie de lancement du projet, votre journal « Notre Epoque» s’est rapproché du président du COIPH (Creuset d’Orientation et d’Intégration des Personnes Handicapées) afin d’avoir les objectifs et les missions d’un tel projet. ……
-Bonjour Monsieur le président, votre organisation COIPH vient de lancer un important projet sur la participation politique des personnes handicapées. Que peut-on entendre par participation politique des personnes handicapées ?
La participation politique des personnes handicapées désigne l’ensemble des aménagements et des procédures mises en place afin de donner à la personne handicapée un rôle dans la prise de décision affectant sa communauté. Cela lui donne les moyens, en tant qu’électeur ou éligible, d’influencer le fonctionnement du système politique.
-Parlez-nous des fondements juridiques de cette participation politique ?
Cette participation politique se fonde sur un cadre juridique alléchant. On peut citer entre autres :
• La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
• Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
• La Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées (article 29)
• Les Objectifs du Développement Durable
• La constitution du 11 décembre 1990
• La loi N° 2018 – 23 du 17 septembre 2018 modifiée et complétée par la loi N° 2019 du 15 novembre 2019 portant charte des partis politiques en République du Bénin
• La loi N° 2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin.
-Rien ne devrait à priori entraver la participation politique de ces personnes avec ce cadre juridique, ne voyez-vous pas ?
En effet, rien ne devrait porter entorse à cette possibilité pour les personnes handicapées d’animer la vie politique. Mais en réalité ces personnes sont peu visibles sur la scène politique, et sont trop souvent considérées et traitées comme des citoyens de seconde zone. Pour exercer leurs droits politiques, ces personnes se heurtent à de multiples problèmes liés à l’accessibilité. Face à la diversité des handicaps (inaccessibilité physique pour les personnes handicapées moteur, inaccessibilité informationnelle et communicationnelle pour les personnes handicapées sensorielles).
Plusieurs obstacles entravent cette participation :
• Des restrictions juridiques au droit de vote de certaines personnes (psychosociales ou intellectuelles) placées sous tutelle ou sous curatelle et des dispositions juridiques discriminatoires notamment l’article 44 alinéa 6 de la constitution du 11 décembre 1990 amandée qui dispose « Nul ne peut être candidat aux fonctions de président de la République s’il ne jouit d’un état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de trois médecins assermentés désignés par la Cour constitutionnelle ».
• Des procédures administratives lourdes et inaccessibles, pouvant priver les personnes handicapées de leur droit de vote,
• Un manque d’informations accessibles aux personnes handicapées sensorielles sur les réunions et consultations publiques, les partis politiques, le vote et l’inscription sur les listes électorales.
• La persistance des stéréotypes, des idées préconçues et des pesanteurs sociologiques qui dénient aux personnes handicapées toute capacité notamment la participation politique.
• L’inaccessibilité physique des bâtiments publics retenus pour les inscriptions sur les listes et le vote
• Un personnel électoral peu ou mal formé sur le handicap et les droits des personnes handicapées
• L’hostilité envers les personnes présentant un handicap psychosocial ou leur exclusion.
-Quels sont les objectifs assignés à un tel projet ?
Plus rien pour nous sans nous, militer dans les partis politiques peut être une aubaine pour la promotion de l’inclusion sociale des personnes handicapées.
Le projet ambitionne de mettre à disposition des partis politiques des militants capables de relever les défis qui se posent à ces partis. Pour cela, des personnes handicapées leaders sont identifiés et seront outillés sur le leadership et les droits politiques des personnes handicapées. Cet échantillon outillé pourra former d’autres personnes handicapées. In fine, ces personnes handicapées seront sensibilisées et motivées à intégrer les partis politiques et de démontrer que le handicap n’est pas une fatalité. L’adage dit « si vous n’êtes pas là où les décisions se prennent, il y a de fortes chances des décisions se prennent contre vous. Le présent projet n’a pas pour finalité de créer un parti mais d’outiller de futurs militants de partis politiques en capacité de militer et de décrocher les meilleurs positionnements possibles. Nous savons qu’il ne leur sera pas fait de cadeaux mais militer est un impératif auquel elles doivent se soumettre afin d’accompagner l’inclusion sociale tant voulue par tous.
Flavien ATCHADE(F.A)
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