Le journal Notre Époque à travers sa rubrique LA MI-TEMPS, fait une incursion dans la maison, de la kinésithérapie pour évaluer la place qu’elle occupe dans le sport béninois. Pour cela, nous recevons pour vous le kinésithérapeute des champions en titre du Bénin, Loto Popo FC, Mr Jean-Jacques Ako.
Notre Époque : Qui est Jean Jacques Ako?
Jean-Jacques Ako : « Âgé de 30ans, Jean-Jacques Ako est un kinésithérapeute diplômé d’État, exerçant en milieu sportif depuis 2017, et actuellement membre du staff médical de Loto-Popo Football Club. »
Dîtes nous quelles sont qualifications d’un kiné sportif?
« Pour être Kiné sportif , il faut se doter des qualités ci-après: être un kiné diplômé d’État,
aimer le sport et avoir les qualités comme la disponibilité à toutes les épreuves, de tous les instants; la compétence puis la conscience professionnelle, faire ensuite une formation continue en spécialité Sport. C’est comme en médecine du sport où il faut sortir médecin généraliste puis faire la spécialité sport. »
Quel est le rôle d’un kinésithérapeute au sein d’un club sportif?
« Le kiné au sein d’un club sportif a un double exercice : en cabinet et sur le terrain (les aires de jeux). De façon explicite, le rôle du kiné est d’identifier et d’objectiver les dysfonctionnements que présente le sportif et d’en chercher l’origine. Il élaboré ensuite les solutions lui permettant de restaurer la qualité de mouvement optimale en vue de la performance sportive. Il intervient aussi donc avant, pendant et après les activités (compétitions ou séances d’entraînement). A cet effet, avant la compétition, il vérifie si toutes les structures anatomiques du sportif se portent bien. Pendant la compétition, le kiné intervient pour des blessures (des crampes, des déchirures, des claquages, des hématomes, des plaies, des fractures et des entorses). Il dispense des soins d’urgence, surtout s’il n’y a pas de médecin et doit établir rapidement un diagnostic. Le troisième rôle qui est dévolu au kiné intervient en aval de la compétition où il contribue à la récupération des athlètes par des massages, la relaxation. En cas de blessure, il adapte les soins en fonction de la date de la prochaine compétition à laquelle participera l’athlète. Et il est aussi l’un de ses meilleurs confidents. Les soins se répartissent en fonction des entraînements, des compétitions, des transports, des heures de repas, des réceptions officielles; il faut s’adapter. »
Le kiné a t-il une responsabilité dans la productivité d’un sportif ?
« Bien sûr ! La productivité ou la performance d’un sportif passe obligatoirement par le respect des règles d’hygiène de sa vie, l’hygiène de vie du sportif étant l’ensemble des paramètres qui influencent la performance sportive. Parmi ces facteurs, nous avons la diététique, le sommeil, la fatigue, l’alimentation…Notre part de responsabilité à ce niveau est de préserver la santé du sportif, l’aider à l’accroissement de ses compétences. »
Quel est l’état de la kinésithérapie dans le sport béninois et particulièrement dans le football ?
« S’il y a un domaine au Bénin où très peu de Kiné professionnels sont présents, c’est celui du sport. Donc nous sommes encore à l’étape embryonnaire. Le milieu sportif béninois , le football en particulier, est rempli des usurpateurs du titre de kinésithérapeute, des gens qui ne savent même pas ce que c’est que la kinésithérapie ont rempli le milieu. Ils pensent qu’il faut disposer d’une boîte de spray cryogène, d’une vessie de glace, d’une glacière et des baumes de massage pour se faire appeler kinésithérapeute. »
Avec ce tableau sombre présenté, la kinésithérapie pratiquée dans le championnat béninois n’agit t’elle pas négativement sur le rendement des sportifs ?
« Là, ce n’est pas la kinésithérapie qui est pratiquée mais plutôt des soins, de faux soins, puisque si nous disons que c’est la kinésithérapie, qu’est-ce que ceux-là savent de la pratique kiné ? Rien! Je dirai oui ces soins tels que pratiqués agissent négativement sur la performance de nos athlètes, parce que physiquement leur niveau sera abaissé, vu que les soins ont été mal donnés. Quelque part, je dirai que la faute incombe aux autorités en charge du sport et les dirigeants des clubs sportifs qui, en majorité, ne connaissent pas jusqu’à présent, l’importance de la présence d’un kiné professionnel au sein du staff de leur club. Sur les 36 clubs actuellement engagés cette saison dans le championnat d’élite, à peine 10 ont dans leur staff, un kiné professionnel. »
Avez vous une structure de défense des droits de la corporation pour chasser les brebis galeuses ?
« Nous avons l’ABéKiR (Association Béninoise des Kinésithérapeute et Rééducateurs) qui est actuellement en train de prendre les mesures nécessaires pour assainir le milieu. Mieux, il y a une autre association qui verra,d’ici peu, le jour. Il s’agira de l’association des kiné du sport au Bénin (AKS-BENIN) dont les procédures sont en cours au niveau des autorités compétentes. »
Quel est l’avenir de la Kinésithérapie dans le sport béninois ?
« Aujourd’hui nous avons remarqué un manque criard de kinés professionnels en milieu sportif au Bénin, mais nous sommes actuellement un nombre donné de kinés entrain de travailler pour résoudre tous les problèmes liés à cela. Ce qui veut dire que d’ici les saisons à venir, vous verrez que la corporation prendra la place qui lui revenait mais qui a été bafouée depuis des années. »
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des responsables des associations sportives béninoises?
« En Afrique de l’ouest et au Bénin en particulier, nous voulons atteindre le niveau des championnats de haut niveau (ceux européens ou de l’Afrique de Nord) mais ils ne cherchent pas à savoir comment ils font de leur côté ou comment ils sont organisés. Dans un club professionnel, le staff médical est composé d’au moins : deux kinés, d’un médecin du sport ou généraliste, d’un infirmier. Mais chez nous ici, même un seul kiné, nous ne sommes pas capables d’en recruter où il est sollicité mais pas rémunéré. A l’endroit de ces responsables, je demanderai de faire le minimum pour assurer une bonne santé physique à leurs athlètes. Et ce minimum commence par la mise à disposition du staff technique, de vrais professionnels de la santé (pas de faux soigneurs ou kiné ). »
Quels sont les objectifs propres à vous Mr Jean-Jacques Ako, à court et moyen terme ?
« Comme objectifs personnels, c’est de faire en sorte que notre milieu soit assaini, être disponible pour tout sportif qui me sollicite, leur donnant des soins adéquats pour qu’ils retrouvent le plutôt possible les pelouses, et comme projet qui me tient à cœur, c’est de mettre en place en collaboration avec des collègues (kiné et médecins) un clinique pour la prise en charge rien que des cas de Traumatologie du sport . »
Votre mot de fin pour clôturer cet entretien
« Comme mot de fin, je commencerai par vous dire un grand merci pour m’avoir permis de parler de notre corporation, la kinésithérapie en milieu sportif. Je vais ensuite inviter les dirigeants de notre sport à divers niveaux (des ministères du sport et de la santé en passant par les fédérations sportives jusqu’aux associations sportives) à nous aider pour rendre sain le milieu pour le bien-être de nos sportifs. Leur faire savoir qu’il ne suffit pas de disposer de la vessie de glace , d’une glacière et d’une boîte de spray cryogène (bombe de froid) pour être Kiné mieux qu’aucune école ne forme de kiné professionnel en ligne. »
Entretien réalisé par Jeraud LANGANFIN GLELE
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