Invité sur l’émission Café Médias Plus, Gérard Guèdègbé, consultant en stratégie médias et communication a abordé la question du Fonds international des médias d’intérêt public. C’est à travers le thème : l’initiative du Fonds international des médias dintérêt public, quels avantages pour les médias africains (béninois). C’était ce vendredi à la maison des médias à Cotonou.
La question de financement des médias reste de plus en plus un problème qui bloque l’indépendance des journalistes d’intérêt public. Selon l’invité, « Ces dernières années, le constat est que le modèle économique de la presse s’est détérioré. On ne pensait que le modèle économique de la presse solide structurant et qui pouvait l’aider à résister au gré des époques». Gérard Guèdègbé fait savoir que «Malheureusement nous avons constaté à les différents chocs qui a eu lieu au plan politique, sociaux, sanitaire ont dégradé le modèle économique de la presse. Les conséquences, les médias ont fermé, il y a eu des licenciements et on a constaté qu’il y a eu une sorte de détérioration du contenu qui est servi parce que les médias locaux n’ont plus de moyens pour faire des investigations et produire des articles de fonds et faire en sorte que lauditeur ou le lecteur puisse se retrouver dans le contenu. On a pensé que d’ici 10 ou 15 ans, on aura plus des médias crédibles et dintérêt public». Il souligne par ailleurs que «il y a des médias mais le gros problème est que les sujets dintérêt public ne font plus la une de ces médias parce que pour la plupart ils ont été piégé dans un modèle qui ne leur permet plus davoir l’indépendance nécessaire, d’avoir la possibilité de produire des sujets qui répondent aux besoins d’information des citoyens ». Citant Edwin Plénel qui dit : «La liberté d’expression nest pas un privilège des journalistes. La liberté d’expression est là pour aider le journaliste à permettre au citoyen davoir des informations », estime que «la liberté d’expression cest un droit de savoir du citoyen. En tant que journaliste si nous n’avons plus les possibilités au plan économique, structurel et même politique parce quil y a des attaques dans certains pays, tout cela nétait pas bon pour la suite et il faut penser à quelque chose».
Le consultant dira quaprès moult réflexion, «On a pensé quil faut revenir au début». Pour lui, « Il y a eu de longue discussion sur le caractère public de l’information produit par le journaliste. L’information ne peut pas être perçue vu comme n’importe quel produit ». C’est dans ce cadre souligne-t-il que « On a pensé qu’il possibilité de mettre en place un cadre qui assure le financement public de la production et de la diffusion et l’information. Il vise à rendre les financements, rendre les ressources disponibles pour soutenir les médias d’intérêt public pour quils aient une part d’indépendance pour faire des informations dintérêt public ». Linvité pense que «Faire de l’information d’intérêt public cest allé questionner des problèmes locaux, des problèmes environnementaux, qui satisfont les demandes en information du citoyen. Avec ça on pourra réduire un tout petit peu lemprise de grosses puissances».
Vision qui sous-tend le fonds
Pour Gérard Guèdègbé, «Cest un fonds international pour soutenir les médias indépendant en canalisant pour soutenir des réseaux d’agence qui existent déjà. Ce fonds sera un fonds dappui au développement des médias indépendant ». Néanmoins, il ajoute que «On ne va pas créer une super structure mais on doit travailler avec les agences qui sont là et qui font les financements. Deuxièmement, on va investir dans le développement des stratégies systémiques à long terme capable de soutenir le journaliste dintérêt public à venir. On doit davantage s’intéresser à l’innovation». Il fait comprendre que «La plupart de nos journaux sont encore en arrière par rapport à l’innovation par exemple à la digitalisation. On va beaucoup investir dans les innovations, financer les plateformes résilientes et qui permettent davoir linformation de façon rapide de qualité, les approches qui visent la coopération». A travers un exemple il fait cas des aspects liés aux questions sécuritaires. «Quand vous voyez les questions sécuritaires, elles ne peuvent plus être traites de manière indépendante par le béninois, le togolais, le nigérien parce que les questions sécuritaires sont devenu transnationale et transversales». Aussi dira-t-il, « On va aussi financer la lutte contre la désinformation. La désinformation aujourdhui ne permet plus la viabilité de la presse nationale ou le travail des journalistes. Je dis souvent que cest une opportunité pour le journaliste. Elle permet aux journalistes de confirmer leur rôle comme Renforcer la liberté de presse le seul recours pour une information publique de qualité. On va soutenir les initiatives pour les médias pour réduire la désinformation. La désinformation est devenue un enjeu politique, un enjeu géopolitique, un enjeu mondial sur un certain nombre de sujet puis renforcer la liberté de presse».
A entendre Gérard Guèdègbé, «Le fonds est créé et a déjà des partenaires très importants. Ce sera quelque chose de très clair mais à une seul condition ». Lobjectif dira-t-il, «c’est un milliard de dollar». «Lidée, cest les agences qui ont l’habitude de financer les entreprises de presse et des initiatives médiatiques vont contribuer à ce fonds. Ce fonds sera constitué comme un panier pour que les agences existantes puissent contribuer. Elles pourront avoir leur mot dans la gestion. Le problème est quaucun gouvernement ne peut financer les médias intégralement. Ce sera un plus pour accompagner les efforts locaux pour financer les médias». «Laccès à ce fonds sera les projets. Le fonds sera structuré de façon géographique. Deuxième canal cest à travers les investigations. Cela sera une bonne mine pour ceux qui sont frileux des investigations», a expliqué l’invité.
Gérard Guèdègbé souligne par ailleurs que «Cest une initiative qui est née à la prise de conscience de la communauté internationale et une bonne partie des médias qui ont compris à un moment donné quil va falloir faire quelque chose. S’il y a quelque chose qui a renforcé lidée cest la Covid-19. On na constaté quavec la Covid-19, la perte des médias est estimée à 20 milliards de dollars». Pour lui larrivée de ce fonds, « Cest une très bonne nouvelle, une excellente chose qui doit davantage donner des possibilités aux médias dobtenir des financements. Par exemple l’OIF a un fonds qui finance les médias du sud chaque année, l’Unicef etc. Mais ça ce nest pas suffisant. Il faut trouver assez de financement pour structurer le développement de ces médias».
Aux médias, il souhaite de se préparer. «Il faut donc commencer par se préparer. Se préparer cest avoir des projets. Si nous pouvons nous apprêter et ça part de quest-ce que nous voulons faire de notre presse». Pour lui, « Quest-ce que nous faisons pour encourager l’innovation et les initiatives privées. Quel est le projet de développement de notre espace médiatique. On doit avoir un projet de développement pour notre secteur». A l’entendre, « à létape ou nous avons besoin de modifier notre modèle économique, de ladapter à la situation. On ne doit pas dire cest parce que nous navons pas le fonds cest pour ça que la presse meurt. Cest une raison mais ce nest pas la raison finale». «Pour moi, on ne va pas tout fermer. La seule chose quil faut faire, cest entrer dans une dynamique où on pose la question de : quel est le modèle économique qui peut être adapté à la situation dans laquelle nous sommes, voir un tout petit peu quest-ce que les autres font qui leur réussit». «Comment on digitalise nos contenus. Faire en sorte que le contenu reflète lintérêt du citoyen ? », sest-il questionné. Pour Gérard Guèdègbé, «Il faut quon sengage très tôt maintenant. Il faut que quand ce sera lancé, on soit en retard ». «Par rapport à la presse béninoise, le modèle économique nest plus adapté à notre environnement, à notre vie socio-économique, politique, etc. Il va falloir être résilient, commencer par trouver un modèle adapté à notre espace et faire en sorte que nous pouvons mieux nous rapprocher du public », confie linvité. «Nos médias sont assez distants du public. C’est pour ça l’intérêt du public baisse par rapport à la contribution quil peut apporter à son développement. Ensuite, il faut aller à la spécialisation », a-t-il conclu.
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